un "morceau" que je trouve beau, copié sur un forum que certains d ici connaissent bien:
"I have a dream !
Il y a 36 ans est né un homme que le temps allait peu à peu transformer en véritable légende vivante pour des dizaines de millions de passionnés. Une "success story" dont les racines serpentent au coeur de l'Emilie-Romagne, région nourrie de toute l'histoire incomparable de la Mototemporada Romagnola.
La terre baignée par l'Adriatique est fertile, le soleil l'inonde, le très jeune héros a un visage d'ange et, au son du crépitements des 2temps, est plongé par son propre père dans un milieu où se côtoient les larmes de joie et celles des drames.
Tous les éléments sont réunis; la production, que l'on pense alors hollywoodienne, peut commencer!
Le film est bon mais très américain. Des succès à n'en plus finir vous bâtissent une carrière, des titres et une renommée, à l'image de son illustre prédécesseur Giacomo Agostini, mais pas une légende. Pour cela, il faut aussi des adversaires à la hauteur, du sang, des larmes, des drames. Un côté James Dean mais qui n'empêcherait pas la pellicule de tourner...
Au fil des ans, Valentino Rossi connaîtra tout cela, des plus belles joies au plus terrible drame. Le 46 n'oubliera jamais le 58.
Cinecitta s'est aussi invité au scénario. Le soleil et la lune ornent le casque du champion. Derrière le sourire angélique se cache une machine à détruire. Nombreux sont les adversaires aigris qui jalonnent son parcours, à commencer par Gibernau, Biaggi et Stoner. Peu importe qu'ils aient raison ou tort, et aussi talentueux soient-ils, ils n'avaient pas l'épaisseur pour empêcher le spectacle de se dérouler.
Après une quinzaine de chapitres, le scenario nous entraîne dans ce que l'on croit être une conclusion logique, à défaut d'être glorieuse ou dramatique; l'échec Ducati, suite à la fuite de fait devant un Jorge Lorenzo montant en puissance.
Le film semble terminé, les spectateurs s'apprêtent déjà à remettre leur manteau en commentant "sacré bonhomme. Cela devait arriver, mais c'est dommage que ce soit fini!".
Ca ne l'est pas.
Sans une plainte, toujours souriant, Rossi avale son pain noir. La plus grosse blessure de sa carrière le stoppe momentanément mais n'entame pas sa volonté inaltérable de revenir au premier plan. Mieux, au sommet. Les spectateurs se rassoient...
Les courses et les saisons s'enchaînent mais l'objectif reste inaccessible. "Sa" moto a été développée pour et par celui qui l'avait contraint à tenter l'aventure nationaliste, le poids des ans commence à se faire sentir, et un certain Marc Marquez est arrivé, avec sa jeunesse, sa fougue, son pilotage d'acrobate, mis sur sa route aux forceps par une filière qui n'a jamais digéré la "trahison" du héros.
Après 17 années passées dans les paddocks des Grands Prix, un homme aurait baissé les bras. Valentino Rossi se retrousse les manches; reprise en main du développement de la moto, changement de personnel technique, changement de style de pilotage, entraînement physique intensif et... amitié apparente avec celui qui a été repéré depuis longtemps comme le plus dangereux obstacle à franchir.
Cette année, dès sa première apparition à Sepang, le héros a annoncé la couleur; émacié et le premier en piste. Des signes qui préfiguraient l'extraordinaire saison que nous connaissons et qui devait venir récompenser 48 mois de détermination absolue. Une saison dont l'intensité a progressivement été portée à son paroxysme au fil des courses qui se déroulaient.
Est arrivé Phillip Island; un régal pour les spectateurs, un traumatisme pour Rossi!
Alors qu'il dirige le championnat depuis la première épreuve et qu'il parvient à contenir son coéquipier et seul rival pour le titre, ce dernier pourrait lui échapper à cause d'un Marc Marquez qui n'a pas digéré ses propres erreurs mais aussi, et surtout, les accrochages "limites" avec l'Italien.
Déterminé et sans vrai autre choix, Valentino Rossi déclenche son séisme, d'abord oralement dès son arrivée en Malaisie, puis sur la piste.
A ce point du film, il n'est pas question une seconde de se mêler aux millions de personnes qui se disputent électroniquement pour savoir qui a raison et qui a tort. L'attitude serait puérile puisqu'il s'agit exactement du cas typique dans lequel personne n'a raison et tout le monde a raison, et ce, malgré ou à cause, de dizaines de caméras, photos, témoignages et explications.
Non, avant que le générique ne se déroule à Valencia, "I have a dream!"
"I have a dream" que le film ne se termine pas par une décision sur le tapis vert explicitement reconnue comme injuste par ceux qui l'ont décidée...
"I have a dream" que Marc Marquez comprenne et accepte qu'il n'avait rien à faire dans cette histoire cette année. Son temps viendra...
"I have a dream" que les pilotes, qui sont tous, à leur manière, des seigneurs, se comportent comme tel. Dani Pedrosa leur donne un bon exemple.
"I have a dream" qu'à Valence, quand les feux rouges s'éteindront, personne ne bougera, puis que les motos formeront une haie d'honneur dans laquelle passera au ralenti une Yamaha bleue.
Avec chaque pilote, chaque seigneur, Valentino Rossi échangera un regard et le saluera d'un léger coup de casque, sans exception aucune. Le geste sera peut-être un peu plus soutenu devant Marc Marquez...
Puis Valentino Rossi s'alignera à côté de Jorge Lorenzo, qu'il saluera de la même manière.
Enfin, quand les clameurs de la foule se transformeront en silence absolu, les deux champions lanceront d'eux-mêmes le départ de la course, pour déterminer sur la piste qui sera titré cette année... au nom de quelque chose que l'on espère encore être un sport, et non seulement un triste spectacle!
"I have a dream!"