Je suis sorti du lit tout doucement pour ne pas réveiller ma douce. Çà fait un moment que je ne dors plus, je me repasse en boucle les préparatifs d’hier, je suis excité et très cool à la fois, c’est une bonne sensation que l’âge m’a apporté, on dit aussi patience.
Il est enfin là, ce premier weekend de printemps, enfin d’avant printemps, on est qu’au début de mars ; mais la météo l’a dit « beau temps sur la majorité du pays avec des maximales au dessus des moyennes de saison ». Ils ont comme çà des formules toutes faites, et celle-là, çà fait longtemps que je la guettais.
Dans la cuisine, j’ai ouvert mon PC et mon mug de thé à la main, je fais défiler la carte des routes de ma contrée. On ira là, et puis par là, on coupera par là, peut-être un détour par ici ? on verra… j’ai envie d’aller partout !
J’enfile mon équipement, j’hésite encore comme hier entre mes petits gants légers, bien ergonomiques mais pas chauds et les Furygan d’hiver. Allez, on met les petits dans le sac pour tout à l’heure.
Je sors devant la maison. Il ne fait pas encore jour. Les merles ont dû écouter la météo. Ils sont à fond et semblent me dire « elle est à toi celle-là, profite, mon gars ! »
Je m’approche du garage. Elle m’a vu. Elle m’attend. Je pose mon casque sur le muret et délicatement, je descends Miss V de sa béquille d’atelier. Un tour de clé et tout s’illumine. Je la laisse faire son show coloré, et checker tous ses circuits.
Me voilà chef d’orchestre, prêt à entamer la symphonie du célèbre musicien AKRAPOVIC. Pas une fausse note pour l’intro, c’est parfait, mais comme les voisins goutent peu le classique matinal, j’enclenche la une et je sors en laissant un peu trainer la jambe droite avant de la remonter sur le cale pied, je sais pas pourquoi, mais j’aime bien faire çà.
Et on part, dans la campagne brumeuse, sur mes petites routes qui me secouent les avant bras, Miss V se réveille doucement, je sens qu’elle est encore un peu raide, elle ne veut pas que je la brusque « dis donc et ma séquence de chauffe ? » « ben oui, mais les voisins, tu sais bien… »
Çà y est, on est sur la grande route. Sans y penser, les courbes s’enchainent, çà va bien, on glisse, il n’y a même pas le bruit du vent dans le casque, c’est magique. Comme j’ai bien fait de me sortir du lit, j’aurais pour rien au monde raté cette première virée. On va sûrement croiser des copines, Miss V aime pas trop suivre, elle ne sait pas bien faire, mais elle aime les rencontres. Les Pirelli montent en température, çà accroche, je ne me souvenais pas d’être aussi à l’aise avec ma moto, sûrement l’attente de l’hiver, je suis au top.
Soudain, au détour d’un gauche un peu serré, je prends en pleine figure le soleil levant qui m’éblouit. Çà fait des myriades de rayons lumineux dans mes yeux, c’est beau, comme ce matin est beau.
« Monsieur, c’est pour la tension, vous êtes réveillé, monsieur ? »
Je sens mon bras soulevé, je vois au dessus de moi mon infirmière qui me sourit « vous avez bien dormi ? »
Et là, tout retourne dans le dur. Mardi, ma pompe personnelle a eu un gros raté, je suis en soins intensifs au pôle cardio du CH de mon coin.
Le soleil, je vais le voir par ma fenêtre de chambre. D’ici quelques jours, je devrais sortir, Miss V m’attend, elle doit s’inquiéter, pensez, avec un temps pareil….
Profitez bien de ce beau weekend, soyez prudents et souvenez-vous que la vie est un bien très précieux, carpe diem !!!